MDAMA #6a et #6b (oui je sais ça devient nawak ;o)

Depeche Mode, Music For The Masses (1987) et Songs Of Faith and Devotion (1993)

Difficile de parler de son groupe préféré. Parce que bon, j'ai beau être fan de dizaines et de dizaines d'artistes, il n'en reste pas moins que c'est Depeche Mode d'abord, et le reste après. D'abord, où en parler ? DM est LE groupe inclassable par excellence. Au début, c'était simple, leurs deux premiers albums, Speak and Spell et A Broken Frame sont de petits bijoux de pop électronique sucrée/salée. Le premier, écrit par Vince Clarke, le deuxieme par Martin Gore qui reprenait le flambeau. Mais dès Construction Time Again, et l'arrivée d'Alan Wilder, les Mode viraient déja un peu indus. Et puis Martin Gore se passionne pour la country, le blues et le gospel et ça donne Violator, puis Songs Of Faith and Devotion ... sur les deux derniers albums, les bougres ont même opéré un léger retour en arrière, mettant un peu leurs guitares en veilleuse. Celà dit, il y'a un point commun entre tous les albums de DM : il y'a des synthés, donc ...

Ensuite de quel disque parler, parce que là encore, il y'aurait matière à débat. On peut évacuer les 4 premiers sans trop de problème, même si Some Great Reward et Construction Time Again sont déja très bons. Ils ont de beaux restes malgré le départ du très sous estimé Alan Wilder en 1995 mais on ne peut quand même pas dire que Ultra et Exciter soient des chefs d'oeuvres. Reste donc les 4 classiques du groupe : Black Celebration, Music For The Masses, Violator et Songs Of Faith And Devotion.

Je choisis Music For The Masses et Songs OF Faith And Devotion. De manière assez arbitraire en fait, parce qu'il se trouve que je viens d'acheter les DVD correspondants, 101 et Devotional, et que j'écoute donc beaucoup les albums en question. Mais aussi pour une raison plus personnelle : Mon premier 45 tours, si j'enlève toutes les erreurs de jeunesse, le premier truc que j'ai vraiment acheté avec mon argent de poche et ma tête à moi, c'est Strangelove et sa pochette représentant un énigmatique haut parleur rouge, marqué de la non moins énigmatique inscription : "BONG13" (la référence du disque en fait). A l'époque, j'étais tout gamin et je regardais le Top 50 de Marc Toesca, mais aussi, comme je suis frontalier, le top luxembourgeois et allemand, ah vous n'avez pas connu ça, quel dommage ;o) Du coup, Depeche Mode, les Pet Shop Boys, Erasure et tutti quanti, c'est un peu mon biberon musical, ma tartine de nutella pré-adoslescente. On guettait toujours les clips de Depeche Mode à l'époque parce qu'ils étaient toujours complètement barrés. En noir et blanc, avec un scénario qui n'a ni queue ni tête, avec des personnages inquiétants qui n'avaient rien à foutre dans un clip des années 80 (le vieux de Never Let Me Down Again avec sa tasse de café) ... J'ai tout de suite été fasciné par l'imagerie de ce groupe, et puis par leur son, un poil plus lourd et plus sombre que ce qu'on écoutait à l'époque, Alphaville, Tears For Fears etc etc etc ... Et puis bizarrement, ça m'est passé, j'ai continué à suivre leurs singles de loin, notamment Enjoy The Silence, jusqu'à ma deuxième claque Modesque, qui celle là m'a vraiment fait plonger : I Feel You. Le comeback de 1993. Le relookage rock, la grosse guitare bluesy de Martin Gore, les cheveux longs de Dave Gahan, le beat humide et glauque, j'étais complètement sous le charme.

En fait il est intéressant de juxtaposer ces deux albums, car si on les met en perspective, ils représentent le début et l'aboutissement de quelque chose. Music For The Masses est un peu le premier album de DM qui commence à sonner comme quelque chose d'autre, un peu comme ... un groupe de rock ! Mais pas tout à fait, parce que Depeche Mode n'ont jamais complètement cédé au rock et c'est ça qui fait leur grandeur. Mais Never Let Me Down Again, Behind The Wheel ou Nothing véhiculent une énergie rock, et la tournée qui suit, relatée sur l'excellent documentaire 101 de D.A Pennebaker, montre à quel point ce petit quatuor synth pop peut faire danser 70000 personnes dans un stade. Et il montre aussi, et c'est encore plus intéressant, un Martin Gore qui essaie des guitares dans un magasin, qui achete des cassettes de Johnny Cash, et tout ça prend sens lorsqu'on écoute les albums suivants, et notamment ce fameux Songs Of Faith and Devotion, où toutes les influences rock, country et gospel explosent dans ce magma sombre et tortueux qu'est l'album qui a failli tuer Depeche Mode. Je n'ai pas envie de parler des problèmes de dope de Dave Gahan à l'époque, tout ça a déja été relaté par de vrais journalistes dont Magic ou Uncut ... Moi ce que je remarque, c'est que si on ne m'avait pas dit que les 4 membres se haissaient, que Dave Gahan se shootait en coulisse et le groupe était au bord de la rupture, je ne l'aurais jamais remarqué. L'album et la tournée, elle aussi immortalisée sur un excellent DVD, Devotional, est pour moi ce que Depeche Mode ont fait de mieux. C'est le summum absolu de Martin Gore pour les chansons, Dave Gahan pour la voix et la présence scénique et Alan Wilder pour la production, ça reste le modèle quasi inégalé de ce que devrait être un disque mélangeant electro et rock, et comment le retranscrire sur scène. Ca ne remet pas en cause la qualité des deux très bons disques qu'ils ont fait depuis, ou même de l'expérience solo assez prometteuse de Dave Gahan mais Depeche Mode ne seront plus jamais aussi beaux qu'en 1993.

(bon la prochaine fois je vous fais un spécial "cette fois ci je raconte pas ma vie" ;o)