La passion selon Monteverdi...

A mon retour de vacances, je m'offre une autre forme de passion... la détresse de l'amour au féminin...
Je vais écouter le Concerto Italiano dans les livres VI et VIII des Madrigaux de Monteverdi.
Le VIème : recueil d'adieux sur des poèmes de Pétrarque et de Marino
Le VIIIème : chants guerriers (notamment le combat de Tancrède et Clorinde) et chants amoureux dont la lamentation d'une nymphe trahie
Pas follement gai, hein ?... mais tellement beau ! " />

Il y aura bien un ou un ou un autre ?... pour m'en dire quelques mots éclairés, n'est-ce pas ?

" La détresse de l'amour au féminin..." ? Euh...ce serait pas plutôt au masculin...? (comme presque toujours, d'ailleurs; les femmes étant une source inépuisable de dolore et de sospire , pour nous, pôvres zhommes...! ) Et Dieu sait que ça n'en manque pas dans ces madrigaux (et plus encore chez Gesualdo !) . Mais pourquoi aurais-tu besoin d'avis plus ou moins "éclairés" , chère ? Ecoute simplement Alessandrini (lui, sait de quoi il chante; ou fait chanter) et tout s'éclaire... .
Moi, j'en étais encore, samedi, aux répons de la semaine sainte de M.A. Ingegneri (l'un des premiers maîtres de Monteverdi à Cremone). Superbe, ça aussi. Depuis, ce fut la Résurrection. Alleluia...! [/i]

Non, non ! ... je maintiens : la détresse de l’amour au féminin… c’était d’ailleurs le thème « les visages de la femme dans les madrigaux de Monteverdi » qui était choisi ce WE à la Cité de la Musique pour ce cycle de conférences, analyses et concerts. Mais tout s'éclaire à écouter le Concerto Italiano, tu as raison... Superbe !
Certes, la détresse est aussi masculine dans certains chants amoureux, dans la douleur de Tancrède, mais le sublime de ce combat n’est-il pas justement la dernière parole, ce dernier soupir de Clorinde : « Le ciel s’ouvre pour moi, et je m’en vais en paix. » chanté divinement, comme savent le faire tous les interprètes d’Alessandrini… le souffle en suspens qui achève le chant, suivi du silence si caractéristique du frisson partagé... " />
Mais je le reconnais, c’est aussi le léger malaise d’un jeune homme tout en noir, la basse magnifique, qui a fait passer un moment fort hier après-midi… Surmenage, chaleur, émotion ?… subitement le son n’est plus sorti de ses lèvres et le chant a dû s’interrompre quelques secondes. Il s’est assis, a bu un peu d’eau puis, assez livide, a repris ce qui est alors devenu encore plus bouleversant !
Journée un peu irréelle et mélancolique : au petit matin, rêvant sur les quais où embarquèrent tant de pêcheurs islandais, et l’après-midi (puis le soir…) assise dans une salle parisienne feutrée, à écouter les chants plaintifs des destins tragiques d’Arianna, Clorinde, Corinna, les Ingrates…
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Bien sûr, bien sûr, chère Véga (enfin ! Une présence sur ces plages désolées...), mais c'était juste pour taquiner ta (délicieuse) féminité, et accessoirement tenter (mais vainement) de rallier quelque voix masculine à ma thèse de mauvaise foi.
Oh ! " Le souffle en suspens qui achève le chant, suivi du silence si caractéristique du frisson partagé..." Psschh...! Mais c'est que tu es fin bonne pour la chronique là; je vais parler de toi à Renaud Machart ! Blague à part, je trouve infiniment dommage que ce fameux silence soit presque toujours brisé (et souvent avant même qu'il ait pu s'installer, ne serait-ce que deux secondes) par d'intempestifs applaudissements !
Quant aux incidents de concert...ben, oui, ça arrive; les artistes n'étant, sur scène, que de fragiles humains, tout comme dans le stade, le sportif de haut niveau. Et à propos de sport, Biarritz accédant à la finale de la coupe européenne , notre Jauvrys va-t-il peut-être se manifester....?

Ah ! ça, oui, je suis de ton avis, on aimerait parfois que tout s'arrête ainsi, dans le silence... Comme cela se passe à la fin de certains concerts dans les églises germaniques, sans applaudissements... Mais hier, heureusement, le public, troublé, a bien voulu attendre ces deux secondes retenues d'ailleurs par la main du chef...

Je ne connaissais pas du tout Marc-Antoine Ingegneri dont tu parles... j'en ignorais même le nom ! L'Histoire de la Musique de Brigitte et Jean Massin m'apprend que c'est ce maître de chapelle de la cathédrale de Crémone qui fit découvrir l'art des madrigalistes (Willaert, Ruffo, Cyprien de Rore, Marenzio)à Monteverdi...

Pas grand monde, c'est vrai, sur ce forum !...
Heureusement qu'on est là, hein ?...