???

vient plus jamais nous voir : on doit dire trop de bêtises. Pour une fois qu'on ne se prend pas au sérieux sur un forum, , c'est dommage. Tu veux qu'on délire moins ?
Y nous faudrait de nouvelles têtes.... On tourne un peu en rond. Même se fait rare...

a une grosse baisse de morale ces temps-ci (eu égard à sa condition "professionelle" cf. cv)

Plus beaucoup de place pour la musique (ça fait une semaine que je n'ai pas touché à mon instrument, c'est dire !).

Je préfère partager ma bonne humeur ici, plutôt que ma mauvaise humeur.

Je continue de vous lire

Avec, certes, toutes les limites d'un tel media, on peut AUSSI partager la mauvaise humeur, si ça aide un peu...
mirobolant

Petula a écrit:

a une grosse baisse de morale ces temps-ci

suis pas au top, non plus !
donc excusez du peu ...
et là, je m'absente quelques jours.

à bientôt et bises à tous !

ben, les filles... vous me mettez le bourdon... faut pas nous lâcher quand ça va pas on est là aussi pour ça sinon ça sert à rien les cybercopains

Oh mais je reviendrai vite !

C'est vrai, Dj et Petula ! Il faut essayer de ne pas rentrer dans son trou quand le moral est gris... essayer...

Un mot reçu, ou même juste écrire sa mauvaise humeur, peut parfois aider à remettre un peu de couleurs... " />

Avec tous vos messages réconfortants, y'a de quoi avoir honte de pas avoir le moral

Dimanche, je me fais traîner de force (bah oui, parce que quand on va pas bien, on a envie de rien) à un spectacle sur Offenbach intitulé "M. Offenbach restera chez lui ce soir..."
Je cite "Une rencontre musicale, fantaisiste et imaginaire entre Jacques Offenbach et ses plus célèbres héroïnes". Tout un programme, je me surprends même à être impatiente d'y aller

ça me fait une peur, ce genre de spectacle... terrible ! Ça dépend par qui c'est fait ! Mais ça me donnerait plutôt envie de rester chez moi ce soir-là !
Et d'ici dimanche, vous nous donnerez pas de news ? Allez parlez-nous de quelques bons disques. Et au fait, vous pourriez nous narrer ce que vous thésez ? <= sympa, celle-là... m'est venue comme ça...

Voilà un beau sujet de débat...

Pour moi, l'idée de ce genre de spectacle, c'est un peu comme le musée (c'est là que je devrais faire la transition sur ma thèse, mais passons...) : on décontextualise des morceaux d'oeuvre pour les recontextualiser. Si le travail est bien fait, ça a du sens, sinon, c'est pitoyable (mais là, les critiques sont plutôt bonnes, du moins au niveau musical).

Par exemple, quand tu vas voir un sphinx au Louvre, il a été retiré de son contexte, arraché au monument auquel il était attaché, et qui lui donnait tout son sens (religieux), et il a été mis dans un contexte muséal où il prend un autre sens (scientifique).

Il y a des gens, comme Valery ("je n'aime pas trop les musées") qui ne supporte pas cette décontextualisation. Ca se comprend.
Perso, ça me permet de voir les choses sous un autre angle et de leur attirbuer une autre émotion. Les deux sont complémentaires. Et puis, je pense que ce genre de spectacle attire un autre public, plus féru de théâtre que de musique classique, ce qui n'est pas un mal.

Soit dit en passant, c'est une première pour moi, donc, j'en parlerai plus longuement... lundi.

Petula a écrit:

Pour moi, l'idée de ce genre de spectacle, c'est un peu comme le musée (c'est là que je devrais faire la transition sur ma thèse, mais passons...) : on décontextualise des morceaux d'oeuvre pour les recontextualiser. Si le travail est bien fait, ça a du sens, sinon, c'est pitoyable (mais là, les critiques sont plutôt bonnes, du moins au niveau musical).

Oh bah dites-donc, je me suis fait un gros délire toute seule là...

Jauvrys a écrit:

Je garde le souvenir attristé du musée de l'Ermitage

T'en as de la chance Jauvrys. L'Ermitage, j'en rêve depuis un bout de temps !

Ah ! comme je suis d'accord Jauvrys en ce qui concerne les musées ! J'ai longtemps cru que je n'appréciais pas la peinture, que je ne savais pas "voir", que mon attention était plus captée par tout ce qu'il y a autour, par les gens, par les salles, par les fenêtres ou verrières même !...
Jusqu'au jour où j'ai découvert, comme vous en Italie, mais à Florence un merveilleux triptyque ( du Pérugin... - tiens donc !!! - je crois du moins, mais c'était il y a bien longtemps !) dans une petite rue, une église peu, pour ne pas dire pas fréquentée, tellement peu qu'on s'était demandé si elle était bien ouverte au public !... et là, ce chef d'oeuvre même pas mis en lumière, mais bien à sa place dans ce lieu... et nous avons pu nous asseoir devant lui et le regarder simplement, tranquillement, en paix... et là je me suis aperçue combien une peinture peut être belle, combien tout parle quand on peut voir le détail d'un doigt, d'un drapé, d'un visage... sans mouvements autour de soi, sans bruits, sans que l'attention soit détournée...
Oui, une émotion semblable à la vôtre Jauvrys, et en même temps, une découverte sur moi-même...
Voilà ! après bien sûr, et malgré le monde hélas et l'abondance d'oeuvres, je ne pouvais pas, ne pas poursuivre à la Galerie des Offices ou à Pitti, mais mon oeil n'était plus le même...
Je suis d'accord, le Louvre ?... oui, mais à condition de n'y aller que pour une oeuvre ou deux à la fois... comme à peu près tous les musées, quand on le peut !

Merveilleux, votre dialogue, là, les amis..et bougrement intéressant ! Je vous lis avec bonheur...Mais suis bien fatigué..j'attends Félicity Lott, à la télé, avec Pivot..et je vais me coucher. je ne vous oublie pas; même si vous ne me lisez plus bien souvent... Un coup de blues, quelques ennuis de santé..bah ! ça va passer. A bientôt...

Jauvrys a écrit:

Je garde le souvenir attristé du musée de l'Ermitage. Un après-midi à voir des splendeurs, à courir de l'une à l'autre, à tenter de s'en imprégner et, à la fin de la course, tout en haut du musée, dans des salles plus banales (murs et plafonds blancs) : la plus belle collection d'impressionnistes qui ait jamais été offerte à mon regard ! Une dizaine, (quinzaine ?) de salles en enfilade. Les tableaux collés les uns aux autres, sans aucun travail muséographique. Volonté de les montrer tous, pas d'n mettre en valeur un seul. J'étais fourbu, cassé en quatre, j'ai passé ces salles comme un zombie, jetant un oeil en me disant :"non, ça ne se regarde pas comme ça". Alors... je les ai à peine regardés comme on regarde une carte postale : en passant, sans m'arrêter ! Je les ai vus, plutôt.
Comment dire... On ne fait pas ça à ces œuvres-là. On ne les met pas en conserve !

Oui. C'est tout le problème des anciennes muséographies, qui visaient plutôt à l'exhaustivité, à la quantité qu'à la qualité (notons qu'en sciences et techniques, c'était la même chose, regarde ce qu'étaient avant la galerie de zoologie du Muséum National d'Histoire Naturelle ou le Musée des Arts et Métiers). C'était au visiteur de faire un effort, pas au musée, le musée étant une chose sacrée, intouchable etc.

Parallèlement, il y a des musées où cet entassement a sa place, est légitime. Le musée Condé à Chantilly a volontairement gardé une muséographie d'époque. Quand on rentre dans certaines salles, on est complètement submergé, on n'arrive même pas à apercevoir le petit tableau qui est à 3m de hauteur sur une rangée de 10 tableaux en largeur et 5 tableaux en hauteur (j'exagère un peu là...). Paradoxalement, les artistes, jusqu'au XIXè siècle, c'est dans ces temples de lart qu'ils venaient faire leurs études, c'est là qu'ils s'impréganient des oeuvres de leurs prédecesseurs, et je trouve important, de ne pas oublier ça, d'en garder trace.

Véga a écrit:

Jusqu'au jour où j'ai découvert, comme vous en Italie, mais à Florence un merveilleux triptyque ( du Pérugin... - tiens donc !!! - je crois du moins, mais c'était il y a bien longtemps !) dans une petite rue, une église peu, pour ne pas dire pas fréquentée, tellement peu qu'on s'était demandé si elle était bien ouverte au public !... et là, ce chef d'oeuvre même pas mis en lumière, mais bien à sa place dans ce lieu...

Véga, ta description me fait penser à je ne sais plus quel tableau au Louvre (faudra que je recherche ça). Un tableau d'autel, peint pour être mis dans le noir à quelques mètres de haut. Mis à hauteur d'homme, les proportions sont complètement allongées, les personnages sont limite difformes, enfin, ça ne ressemble plus à rien, parce que le peintre avait prévu, dès la conception de l'oeuvre, que le tableau serait vu d'en bas.

Felicity Lott? Hier soir? A la télé? AAaaargghhh...
Seule consolation, ça me donne l'occasion de dire un amical bonjour à Oudread et lui souhaiter de retrouver la forme physique et morale!

mirobolant

Pour ceux qui se désolent d'avoir raté Felicity Lott, rediffusion de Double Je , dans la nuit de lundi 14 mars au mardi 15, sur France 2 à... 4h10 ! (mardi matin quoi !!!)

Et hier soir, il y avait aussi HG dans Envoyé Spécial... et rediffusion : cette nuit prochaine, à 2h du mat !!! pour "ceux" qui l'auraient ratée elle aussi..... mais y en a-t-il ???

j'ai tout loupéééééééééééeueueueueueueueu " /> " />

Jauvrys a écrit:

j'ai tout loupéééééééééééeueueueueueueueu " /> " />

Mais non ! Je viens de vous dire qu'il y a des rediffusions...

Je passe vous voire vers 2h du matin Jauvrys ? Moi aussi ... Tout raté ... saleté de sommeil ... une vrai perte de temps !

Gunther a écrit:

Je passe vous voire vers 2h du matin Jauvrys ?

Allez ! tous chez Jauvrys à 2h cette nuit... et on se fait une saucissonnade/pâté/Jurançon ! Y a pas de raison quoi !...

Spéciale dédicace à

(j'ai retrouvé le texte de Valery sur les musées)

"Je n’aime pas trop les musées. Il y en a beaucoup d’admirables, il n’en est point de délicieux. Les idées de classement, de conservation et d’utilité publique, qui sont justes et claires, ont peu de rapport avec les délices.

Au premier pas que je fais vers les belles choses, une main m’enlève ma canne, un écrit me défend de fumer.

Déjà glacé par le geste autoritaire et le sentiment de la contrainte, je pénètre dans quelque salle de sculpture où règne une froide confusion. Un buste éblouissant apparaît entre les jambes d’un athlète de bronze. Le calme et les violences, les niaiseries, les sourires, les contractures, les équilibres les plus critiques me composent une impression insupportable. Je suis dans un tumulte de créatures congelées, dont chacune exige, sans l’obtenir, l’inexistence de toutes les autres. Et je ne parle pas du chaos de toutes ces grandeurs sans mesure commune, du mélange inexplicable des nains et des géants, ni même de ce raccourci de l’évolution que nous offre une telle assemblée d’êtres parfaits et d’inachevés, de mutilés et de restaurés, de montres et de messieurs...

L’âme prête à toutes les peines, je m’avance dans la peinture. Devant moi se développe dans le silence un étrange désordre organisé. Je suis saisi d’une horreur sacrée. Mon pas se fait pieux. Ma voix change et s’établit un peu plus haute qu’à l’église, mais un peu moins forte qu’elle ne sonne dans l’ordinaire de la vie. Bientôt, je ne sais plus ce que je suis venu faire dans ces solitudes cirées, qui tiennent du temple et du salon, du cimetière et de l’école... Suis-je venu m’instruire, ou chercher mon enchantement, ou bien remplir un devoir et satisfaire aux convenances ? Ou encore, ne serait-ce point un exercice d’espèce particulière que cette promenade bizarrement entravée par des beautés, et déviée à chaque instant par ces chefs-d’oeuvre de droite et de gauche, entre lesquels il faut se conduire comme un ivrogne entre les comptoirs ?

La tristesse, l’ennui, l’admiration, le beau temps qu’il faisait dehors, les reproches de ma conscience, la terrible sensation du grand nombre des grands artistes marchent avec moi.

Je me sens devenir affreusement sincère. Quelle fatigue, me dis-je, quelle barbarie ! Tout ceci est inhumain. Tout ceci n’est point pur. C’est un paradoxe que ce rapprochement de merveilles indépendantes mais adverses, et même qui sont le plus ennemies l’une de l’autre, quand elles se ressemblent le plus.

Une civilisation ni voluptueuse, ni raisonnable peut seule avoir édifié cette maison de l’incohérence. Je ne sais quoi d’insensé résulte de ce voisinage de visions mortes. Elles se jalousent et se disputent le regard qui leur apporte l’existence. Elles appellent de toutes parts mon indivisible attention ; elles affolent le point vivant qui entraîne toute la machine du corps vers ce qui l’attire...

L’oreille ne supporterait pas d’entendre dix orchestres à la fois. L’esprit ne peut ni suivre, ni conduire plusieurs opérations distinctes, et il n’y a pas de raisonnements simultanés. Mais l’œil, dans l’ouverture de son angle mobile et dans l’instant de sa perception se trouve obligé, d’admettre un portrait et une marine, une cuisine et un triomphe, des personnages dans les états et les dimensions les plus différents ; et davantage, il doit accueillir dans le même regard des harmonies et des manières de peindre incomparables entre elles.

Comme le sens de la vue se trouve violenté par cet abus de l’espace que constitue une collection, ainsi l’intelligence n’est pas moins offensée par une étroite réunion d’œuvres importantes. Plus elles sont belles, plus elles sont des effets exceptionnels de l’ambition humaine, plus doivent-elles être distinctes. Elles sont des objets rares dont les auteurs auraient bien voulu qu’ils fussent uniques. Ce tableau, dit-on quelquefois, TUE tous les autres autour de lui...

Je crois bien que l’Égypte, ni la Chine, ni la Grèce, qui furent sages et raffinées, n’ont connu ce système de juxtaposer des productions qui se dévorent l’une l’autre. Elles ne rangeaient pas des unités de plaisir incompatibles sous des numéros matricules, et selon des principes abstraits.

Mais notre héritage est écrasant. L’homme moderne, comme il est exténué par l’énormité de ses moyens techniques, est appauvri par l’excès même de ses richesses. Le mécanisme des dons et des legs, la continuité de la production et des achats, – et cette autre cause d’accroissement qui tient aux variations de la mode et du goût, à leurs retours vers des ouvrages que l’on avait dédaignés, concourent sans relâche à l’accumulation d’un capital excessif et donc inutilisable.

Le musée exerce une attraction constante sur tout ce que font les hommes. L’homme qui crée, l’homme qui meurt, l’alimentent. Tout finit sur le mur ou dans la vitrine... Je songe invinciblement à la banque des jeux qui gagne à tous les coups.

Mais le pouvoir de se servir de ces ressources toujours plus grandes est bien loin de croître avec elles. Nos trésors nous accablent et nous étourdissent. La nécessité de les concentrer dans une demeure en exagère l’effet stupéfiant et triste. Si vaste soit le palais, si apte, si bien ordonné soit-il, nous nous trouvons toujours un peu perdus et désolés dans ces galeries, seuls contre tant d’art. La production de ce millier d’heures que tant de maîtres ont consumées à dessiner et à peindre agit en quelques moments sur nos sens et sur notre esprit, et ces heures elles-mêmes furent des heures toutes chargées d’années de recherches, d’expérience, d’attention, de génie !… Nous devons fatalement succomber. Que faire ? Nous devenons superficiels.

Ou bien, nous nous faisons érudits. En matière d’art, l’érudition est une sorte de défaite : elle éclaire ce qui n’est point le plus délicat, elle approfondit ce qui n’est point essentiel. Elle substitue ses hypothèses à la sensation, sa mémoire prodigieuse à la présence de la merveille ; et elle annexe au musée immense une bibliothèque illimitée. Vénus changée en document.

Je sors la tête rompue, les jambes chancelantes, de ce temple des plus nobles voluptés. L’extrême fatigue, parfois, s’accompagne d’une activité presque douloureuse de l’esprit. Le magnifique chaos du musée me suit et se combine au mouvement de la vivante rue. Mon malaise cherche sa cause. Il remarque ou il invente, je ne sais quelle relation entre cette confusion qui l’obsède et l’état tourmenté des arts de notre temps.

Nous sommes, et nous nous mouvons dans le même vertige du mélange, dont nous infligeons le supplice à l’art du passé.

Je perçois tout à coup une vague clarté. Une réponse s’essaye en moi, se détache peu à peu de mes impressions, et demande à se prononcer. Peinture et Sculpture, me dit le démon de l’Explication, ce sont des enfants abandonnés. Leur mère est morte, leur mère Architecture. Tant qu’elle vivait, elle leur donnait leur place, leur emploi, leurs contraintes. La liberté d’errer leur était refusée. Ils avaient leur espace, leur lumière bien définie, leurs sujets, leurs alliances... Tant qu’elle vivait, ils savaient ce qu’ils voulaient...

– Adieu, me dit cette pensée, je n’irai pas plus loin."

« Le problème des musées » (1923), in Œuvres, tome II, Pièces sur l’art, Nrf, Gallimard, Bibl. de la Pléiade, 1960.